Le début de l’aventure en Amazonie
De Lima, j’embarque dans le petit avion qui m’emmènera vers Puerto Maldonado via Cusco. Je m’assois côté couloir. Côté hublot, une fille regarde ses textos et sourit. Un sourire amoureux, ça rayonne à des kilomètres de distance.
Moi, je suis fébrile: la jungle, c’est mon rêve depuis des années et je vais enfin y mettre les pieds. Mais je suis aussi un peu nerveuse -et un peu trop à l’écoute de mon corps- car depuis la veille, j’ai commencé à prendre Le Malarone, ce médicament contre la malaria (paludisme) dont j’ai entendu mille et un effets secondaires négatifs. Heureusement, une deuxième fille arrive, s’assoit entre nous deux et m’extirpe de mes pensées. Je ne sais pas comment, mais en 30 secondes, elles ont compris qu’elles étaient toutes deux Brésiliennes, commencent à parler et à rire ensemble. Je souris, ça fait du bien un peu de joie en cette journée nuageuse.
On s’arrête à Cusco et on nous demande de sortir de l’avion. Les fortes pluies à Puerto Maldonado doivent passer. C’est vrai qu’on est le 12 mars, vers la fin de la saison humide. « Bon, ça commence bien! » je me dis. Mais après une petite pause café, on repart. Le paysage andin change, les montagnes arides se transforment en forêt verte.
Je récupère rapidement mon sac à dos- l’avantage des petits aéroports domestiques- et je sors dehors respirer pour la première fois l’air humide de Puerto Maldonado. C’est Katy de Rainforest Alliance qui m’accueille.
J’embarque dans le mini bus de Rainforest Expeditions, qui gère trois éco-lodges: Posada Amazonas, Refugio Amazonas et Tambopata Research Center. J’apprendrai plus tard que chacun offre une expérience différente, certains étant plus axés sur la recherche et l’observation de la nature, d’autres proposant une ambiance plus familiale.
Je suis seule, avec un petit groupe d’Allemands qui ne parlent ni espagnol, ni anglais. Tiens, ça doit être salement pratique pour voyager. On fait un premier arrêt à 10 minutes de l’aéroport. Pour éviter de surcharger le bateau qui nous emmènera jusqu’au lodge, on nous demande de n’apporter que l’essentiel dans un sac à dos et de laisser les valises ici, en toute sécurité. Je troque mes jeans-qui me font déjà suer-pour des pantalons en nylon et mes Converse pour des souliers de randonnée. Évidemment, j’oublierai ma brosse à dent et plusieurs autres essentiels, classic me.
C’est là que je rencontre Luz Aida, également de Rainforest Alliance.
Rainforest Alliance, c’est quoi?
Rainforest Alliance –RA pour les intimes- est une ONG présente dans 70 pays, qui œuvre dans la préservation de la biodiversité en proposant des outils et un encadrement aux entrepreneurs – agriculteurs, forestiers et du domaine touristique- afin de les encourager à mettre en place des pratiques « durables ».
Plus concrètement en tant que consommateur, on peut remarquer leur label apposé sur les produits (ex: café) et services (ex: hôtels) issus de ces « bonnes pratiques ».
D’ailleurs, voici une vidéo vraiment sympa à voir sur la certification Rainforest Alliance:
En cette époque de changements climatiques, il est important de miser sur l’éducation pour conscientiser les gens par rapport à leur impact sur le phénomène. Mais ce travail est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Inciter les entreprises à adopter des pratiques écologiques est un processus long et nécessite de très bons arguments, car regardons la vérité en face: travailler « vert » n’est pas le chemin le plus facile. Bien sûr, être « responsable » va bien au delà de la préservation de l’environnement. Il y a aussi le côté humain de l’entreprise, trop souvent négligé, que RA met de l’avant dans son travail de conscientisation auprès des chefs d’entreprise.
J’écoute avec attention Katy et Luz Aida me parler des formations proposées aux entrepreneurs et aux guides, de l’importance de collaborer avec les gouvernements locaux, et surtout de tous les défis auxquels ils font face. C’est là que j’entendrai parler pour la première fois de l’exploitation minière illégale, un grand fléau de la région qui rapporte – malheureusement- très gros à tous ceux qui sont impliqués. Oui, même les travailleurs tout en bas de l’échelle. Je me dis qu’aller les convaincre de travailler dans un domaine comme l’écotourisme et gagner trois fois moins, c’est David contre Goliath. C’est donc avec une admiration double que je les écoute parler de leur volonté d’avoir un impact positif.
« Le tourisme est un domaine positif, qui peut avoir un impact positif ».
Bien dit! Justement j’en ai plus qu’assez de n’entendre que des commentaires négatifs à propos du tourisme. Au lieu de se plaindre constamment de son « terrible » impact sur les populations locales et l’environnement-alors que de toute façon personne n’arrêtera de voyager, souvenons nous qu’il permet de créer de nombreux emplois, concentrons nous sur la minimisation de ces impacts négatifs et regardons de l’avant pour en faire ressortir le meilleur.
Ça tombe bien, pour les jours à venir, j’aurai l’occasion de découvrir le travail de RA sur le terrain, plus particulièrement dans le domaine de l’écotourisme.
Direction: Refugio Amazonas
Je remonte dans le bus avec Katy, Luz Aida et les Allemands. Durant le trajet, le jeune guide présente un survol de la région en allemand. Je suis surprise de me souvenir de quelques bases après 10 ans de totale inactivité cérébrale germanique, mais je déconnecte rapidement et finis par n’entendre que « Ach So » et « Genau ». Je me concentre plutôt sur le snack qu’on nous a servi: banane, chips de banane plantain et noix du Brésil enrobées de sucre. De base, je ne suis vraiment pas fan de noix du Brésil, mais lorsque je prends la première bouchée, c’est la révélation. Un peu trop expressive comme d’habitude, je regarde Luz Aida, assise à côté de moi, avec de grands yeux heureux. J’engloutis les quelques noix en quelques secondes. En terme de fraîcheur et de goût, on est très loin de ce qu’on trouve à Montréal!
D’ailleurs pourquoi l’appeler « noix du Brésil » alors qu’elle est également produite au Pérou et en Bolivie?
On arrive au port de la communauté d’Infierno, du peuple ese’eja. Oui, « enfer » en espagnol. C’est en 1996 qu’a débutée la collaboration entre Rainforest Expeditions et la communauté d’Infierno, afin de créer le premier des trois écolodges: Posada Amazonas. Le financement a d’ailleurs été possible grâce au Fonds Pérou-Canada, ce qui forcément m’a fait sourire à plus de 6000km de la maison. La communauté participe activement à sa gestion et reçoit 60% des profits, en partie réinvestis dans plusieurs projets sociaux.
On descend. Pendant que les bagages se font transférer sur le bateau, je regarde un coq et une poule se dandiner, les enfants courir. C’est à partir de ce moment précis que j’ai vraiment l’impression de commencer mon trip dans le Tambopata.
On descend par le petit escalier en bois jusqu’au bateau, puis on file sur la rivière. L’air est frais et pur, des petites gouttes me sautent au visage. Le ciel est gris, l’eau trouble, la végétation dense et d’un vert profond. Je regarde avec fascination les perroquets voler à la cime des arbres.
Le trajet durera 2h30 jusqu’à Refugio Amazonas. On nous sert un lunch bien local: du riz avec oeufs, poivrons, fromage et poulet, le tout soigneusement emballé dans une feuille de bijao.
En chemin, on parle un peu. Le guide dit: « les gens ont peur de la malaria, des anacondas et des piranhas, c’est à cause des films je crois ». C’est vrai que la jungle effraie. J’ai déjà hâte de détruire tous ces mythes et de la montrer telle qu’elle est vraiment.
Aventure à suivre…
D’ici là je vous invite à faire un tour sur les site web de Rainforest Alliance et de Rainforest Expeditions.
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DiscussionUn commentaire
Bon début d’histoire, j’ai hâte de connaître la suite. J’avais vu il ya 1 an ou 2 un reportage très sérieux de journalistes français, qui pendant plusieurs mois, avait parcouru la planète pour enquêter sur les pratiques de commerce équitable. Rainforest avait également était étudié en caméra caché. La conclusion de cette enquête, c’est que petit à petit, le comemrce équitable est devenu un moyen d’augmenter les marges des produits vendus un peu plus chers, mais que les conditions sur place, peut-être un peu meilleure, ne reflétaient pas l’image éthique des labels. Je me rappelle avoir été un peu choqué et depuis, je n’achète plus de commerce équitable labellisé, que du commerce local.
Du coup, je suivrai ton histoire car j’aimerai bien avoir ton avis sur Rainforest Expedition.