À la rencontre des peuples de Patagonie

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Altamira Collective

Je suis tombée par hasard sur les clichés du Collectif Altamira. Des photos d’une poésie certaine, loin des traditionnelles photos de voyage. J’apprendrai plus tard qu’elles ont été prise à l’île Navarino, au Chili.

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Intriguée par ce travail, je les ai contactés pour en savoir plus sur leur initiative. Ils ont répondu à mes questions depuis la communauté Mapuche-Tehuelche de Pico Truncado, en Argentine, où ils viennent tout juste d’arriver.

Qui êtes-vous?

Tous deux diplômés des beaux-arts de Rennes, nos questionnements respectifs nous ont rapprochés autours des notions similaires, mais traités de façons différentes. Jasmine est une photographe autodidacte traçant sa route à la frontière entre photographie contemporaine et la pratique documentaire, quand Pol s’intéresse à la notion vaste du territoire à parcourir, qu’il soit réel ou imaginaire, comme un espace de libertés.

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Quel sera votre itinéraire?

En quatre mois nous prévoyons de visiter l’Argentine et le Chili, la Terre de Feu d’abord, puis la Patagonie des deux côtés de la frontière. Nous avons décidé de prendre notre temps pour explorer aussi les zones situées entre les grands pôles touristiques, et laisser du temps à l’imprévu et à l’improvisation. Commencer le plus au sud du monde, Puerto Toro, et puis remonter à notre rythme pendant quatre mois. Peut-être ne feront nous qu’une région, peut-être plusieurs pays, à voir…

Pourquoi avoir choisi cette région du globe?

Il y a plusieurs raisons à cela, peut-être en premier lieu des gosses trop bercés par des histoires d’exploration lointaine, et plus tard des adultes qui ne voudront toujours pas y renoncer. À cela viendront s’ajouter des envies de nature, de paysages d’abord, et de rencontres ensuite. Enfin une recherche aussi dans nos travaux respectifs de lieux où la paroi entre le Réel et la Fiction s’amenuise, et la Terre de Feu fait évidemment partie de ces endroits, par son histoire, sa géographie, enfin par l’aura qui l’entoure.

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D’où vient votre intérêt envers les peuples indigènes?

Nous avons décidé d’axer notre voyage autour des cultures originelles de ces deux pays. D’abord, parce qu’il y a quelques années, nous avons découvert les photos de Martin Gusinde qui nous ont autant fait rêver que réfléchir.

Ensuite et surtout nous pensons que les problématiques auxquelles ces communautés font face aujourd’hui sont révélatrice de questionnements essentiels pour le reste de la société, et en disent beaucoup sur l’état du monde actuel. En abordant ce sujet qui nous est étranger il nous faudra autant interroger l’histoire, la sociologie, la politique, ou la philosophie, que notre propre position et nos raisonnements. Et nous pensons que l’art est un bon moyen pour rassembler ces différentes disciplines en un seul sujet commun.

Enfin, l’envie de voyager différemment, avec un projet, comme une plus-value, qui serait autant une façon de sortir des sentiers battus, de nos zones de confort, qu’un prétexte à la création, comme un fil rouge.

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En effet, cette initiative m’a tout de suite rappelé le travail de Martin Gusinde. Il a donc été une inspiration? 

De tous les chercheurs ou missionnaires qui se sont intéressés à ces cultures, Gusinde est un des seuls, si ce n’est le seul, qui ce soit impliqué à leurs côtés d’une façon durable et surtout humaine. La preuve en est qu’aujourd’hui ce sont les descendants de ces peuples qui le citent lorsqu’ils souhaitent se référer à tel ou tel point de leur propre culture.

Cette dimension humaine est essentielle à notre projet : d’une part parce que nous pensons que c’est peut-être par là que nous pourrons échapper à notre condition de « voyeur extérieur », d’autre part parce que nous ne souhaitons pas perpétrer une tradition discriminante qui serait celle de venir, prendre les photos que l’on voudrait et repartir sans avoir rien partagé. Quel intérêt de voyager si ce n’est pour voir que ce à quoi l’on s’attend ? Nous voulons que l’échange se fasse des deux cotés, sans quoi il n’y a pas d’humanité.

C’est pour cela aussi qu’il n’y a pas que cette recherche spécifiquement qui rentre dans le projet, mais que nous présentons aussi notre quotidien, en explorant ces endroits, en les vivant avant tout. Il n’y a pas pour nous de cloisonnement entre nos expériences, notre ressenti: nous ne faisons pas un travail de journaliste avec un questionnaire bien défini et des thématiques précises, encore moins une recherche scientifique. C’est une peu tout cela et pas vraiment cela à la fois. Nous espérons comme ça préserver une certaine fraîcheur et une liberté, ou au moins un rapport juste avec les choses que l’on verra.

Quel est le but recherché avec ces rencontres?

Il y a en ce moment toute une façon de parler et de présenter ces cultures comme si elles étaient mortes ou en voie de l’être. Mais  que ce soit intentionnel ou pas, c’est ce discours là justement qui les achève. Nous voulons montrer ce qui ne correspond pas au clichés auxquels tout le monde s’attend afin de montrer comment ces sociétés s’adaptent, continuent à vivre leur culture au présent, et non pas comme une caricature d’elle-même.

Parler de ça, c’est aussi  parler de la place que l’on réserve à l’autre dans la société en général, de la différence essentielle que chacun doit revendiquer face à une uniformisation du monde, et des façons de lutter que cela implique pour n’importe laquelle de ces communautés. Par la rencontre nous espérons laisser la parole à l’autre plutôt que de nous exprimer à sa place, et pour ce faire nous devons nous remettre aussi en question nous-mêmes et interroger nos propres motivations.

Quels projets vous attendent?

Beaucoup de choses se profilent. La plus gros du travail se fera après ce voyage, au retour, en faisant le tri de ce que nous auront saisi. Il y aura une exposition à Rennes sur le projet, et puis surtout un livre que nous voulons faire de cette expérience.

Ensuite d’autres idées de voyage se profilent déjà pour continuer nos travaux respectifs, parce qu’un certain nomadisme nous paraît essentiel pour rester alertes et curieux, et que nous voulons aussi prolonger ces questionnements mais pas forcément à l’autre bout du monde. Enfin voir aussi comment nous pourrons augmenter les activités du collectif.

Toutes les photos sont la propriété intellectuelle du Collectif Altamira

Envie de suivre le voyage d’Altamira Collective en Patagonie?

Site web : cargocollective/altamiracollective

Facebook :  https://www.facebook.com/AltamiraCollective/

Email: collectifaltamira@gmail.com

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Anonyme

Fondatrice et éditrice du magazine Voyage Perou, je suis une grande amoureuse de l’Amérique latine que j’explore avec émerveillement, stylo et caméra à la main. Ma motivation? Réunir le maximum d’information, de bons plans et de conseils pratiques pour vous encourager à partir vous aussi à l’aventure!

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